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Litterature francaise : pourquoi des autrices sont-elles encore releguees au second plan ?

Posted on August 4, 2022

Litterature francaise : pourquoi des autrices sont-elles encore releguees au second plan ?

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Chercheuse en litterature francaise (Le genre, la lecture, les femmes et la culture), Sorbonne Universite

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Sandrine Aragon does not work for, consult, own shares in or receive funding from any company or organisation that would benefit from this article, and has disclosed no relevant affiliations beyond their academic appointment.

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En septembre 2019, le Nouveau magazine litteraire titrait « La Rentree des autrices » ; pourtant, au cours de l’annonce des plus grands prix litteraires, le tarifs Goncourt fut attribue a JeanPaul Dubois, le Renaudot a Sylvain Tesson, le prix Femina a Sylvain Prudhomme et le Grand Prix de l’Academie francaise a Laurent Binet. Des auteurs excellents ont certes ete recompenses, mais les autrices – terme que l’Academie francaise peine encore a accepter – n’arrivaient qu’en fin de liste, ne remportant aucun des tarifs les plus prestigieux, avec des consequences evidentes sur la vente de leurs livres.

Paradoxalement, les femmes lisent environ romans que des hommes. Selon Olivier Donnat, « les femmes devancent aujourd’hui les hommes Afin de chacune des activites en rapport avec le livre, qu’il s’agisse de la frequence d’achat, de l’intensite d’une lecture ou de l’inscription en bibliotheque, ainsi, un pratique se caracterise encore avec une preference marquee pour des romans ».

L’acces des dames a l’ecriture fut jalonne de difficultes, le genre feminin etant traditionnellement associe a la reserve et au silence. Les taches menageres et le soin des bambins reduisaient – et reduisent toujours – leur temps accessible concernant l’ecriture. Mais a partir de la fin du XIX? siecle, des autrices se paraissent faites Sans compter que en plus grandes grace a toutes les acquis liees a toutes les vagues successives de liberation des jeunes femmes. Selon une etude, en 2006, 36,5 % des livres publies etaient signes par des jeunes femmes, contre 63,5 % d’ouvrages signes via des hommes, aussi que nos autrices etaient moins de 5 % jusqu’au milieu du XIX e . Alors, pourquoi les femmes ne sont-elles gui?re plus representees au sein des palmares litteraires ?

Le sujet en place des dames au champ culturel se pose depuis le Moyen Age. Christine de Pisan, premiere cousine a vivre de sa plume, l’evoque au sein d’ La Cite des dames. Au XVI e siecle, la Reforme autorisant ces dames a lire la Bible, « la querelle des femmes » place le debat une lecture ainsi que l’instruction feminine au premier plan. Cependant c’est au milieu du XVII e siecle qu’a lieu la toute premiere grande vague d’alphabetisation feminine dans les villes.

L’ere une stigmatisation

Sous l’impulsion de la contre-reforme, des congregations catholiques enseignant lecture et ecriture seront creees pour contrer la progression une Religion reformee. Nathalie Zenon Davis a montre que Afin de beaucoup de jeunes filles, l’adhesion au protestantisme fut avant tout un appel a la vie intellectuelle.

J’ai mode des salons mondains au XVII e permet via ailleurs a toutes les jeunes filles une haute societe de rencontrer Plusieurs auteurs, d’echanger des ouvrages et d’en parler. Cette intrusion des femmes parmi les critiques inquiete tant nos auteurs masculins qu’ils nos nomment « precieuses ridicules ». Dans les annees 1650, on rit des femmes qui pretendent discuter litterature, la critiquer et la juger. Parmi celles qui sont caricaturees, Mme de Scudery, animatrice d’un grand salon et autrice a succes (on lui doit la carte du Tendre) invite ses lectrices a parler avec le naturel et la discretion qui sieent aux dames. Elle privilegie l’esprit de joie et le style familier de la conversation, dans Le Grand Cyrus.

Apres les precieuses,les representations de jeunes meufs devenues folles suite a leurs lectures, versions feminines du Don Quichotte continuent a avoir du succes. Mes personnages de « femmes savantes », en particulier celles de Moliere, dans les annees 1670, symbolisent forcement la peur de l’entree dans la sphere litteraire de lectrices, critiques et autrices.

L’emergence des lectrices et des autrices

Au XVIII e siecle, la mode des romans libertins fait apparaitre des personnages de jolies femmes qui lisent alanguies i  propos des sofas de Crebillon ou dans des ouvrages erotiques, sous la gouverne d’un maitre de lecture, ou seules en autodidactes, telle Mme de Merteuil qui revele sa formation dans la lettre 81 des Liaisons dangereuses.

« Je ne desirais pas de jouir, je voulais savoir […] J’etudiais nos m?urs dans les Romans, des opinions au sein des Philosophes, je cherchai meme dans les Moralistes les plus severes ce qu’ils exigeaient de nous, ainsi, je m’assurais ainsi de ce qu’on pouvait Realiser, de votre qu’on devait affirmer ainsi que votre qu’il fallait paraitre. »

Profitant de l’emergence des salons et des journaux, apres 1750, ces dames s’engagent dans l’education, catholic singles app sous l’influence de Rousseau ainsi que son Emile. Elles prennent conscience qu’il faudrait eduquer leurs filles car « Afin de instruire, il faudra etre instruite » (Madame D’Epinay, Les conversations d’Emilie). Elles commencent a obtenir des positions prestigieuses : Madame D’Epinay se voit decerner le tarifs Monthyon de l’ouvrage le plus utile a J’ai nation avec ses Conversations (devant Parmentier et son ouvrage i  propos des pommes de terre) ; Madame de Genlis cree une ecole pedagogique innovante et devient gouverneur (et non gouvernante de pallier age) du futur Louis Philippe ; enfin, Madame du Chatelet ecrit des dissertations de physique publiees par des academies entierement masculines.

Le XIX e siecle voit naitre la seconde vague d’alphabetisation avec l’ecole publique, les publications en journaux, les romans-feuilletons, les cabinets de lecture (ancetres des bibliotheques) et les colporteurs. Mes personnages de jeunes meufs du peuple perdues par leurs lectures refleurissent, Emma Bovary en reste l’archetype. Plusieurs jeunes filles emergent en tant qu’autrices, telle George Sand, mais des images de bas bleus suivent le succes avec des caricatures au sein des journaux, de Daumier et d’autres.

Au XX e siecle, depuis Colette quand i§a decrit les emois de Claudine, Pauline Reage avec Histoire d’O jusqu’a Annie Ernaux, Christine Angot ou Virginie Despentes, l’edition ouvre grand ses portes a celles qui couchent leur sexualite sur le papier. Au cinema, la soiree La Lectrice a fixe votre image libertine. En meme moment, les femmes acquierent des positions nouvelles : apres la guerre, Elsa Triolet est la premiere a recevoir le prix Goncourt en 1945.

Le Deuxieme sexe de Simone de Beauvoir ouvre la voie aux mouvements feministes. Nathalie Sarraute, Marguerite Duras investissent essai et nouveau roman. Marguerite Yourcenar est la premiere femme elue a l’Academie francaise, en 1980, 345 ans apres sa composition. Aujourd’hui, dans 40 « immortels », on ne compte encore que 4 femmes. Et aucune femme de lettres n’est entree au Pantheon uniquement pour saluer la specialite de son ?uvre litteraire.

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